Les 54 ethnies du pays confectionnent des costumes propres, ornés de motifs déclinés à l’infini. Le costume traditionnel des femmes de l’ethnie Cham incarne parfaitement cette extension de la culture par la mode.
Tout autant que la langue ou l’écriture, les costumes sont des reflets visibles des caractères nationaux. Au fil du temps, chaque ethnie minoritaire a créé ses propres tenues, porteuses symboliques de leur identité. D’un simple coup d’œil, l’observateur aiguisé sera à même d’identifier à quel groupe appartient tel ou tel costume, le statut social de sa propriétaire, de comprendre les mœurs et coutumes mais aussi de cerner la sensibilité stylistique.
Sens esthétique, toute une symbolique.
Les costumes traditionnels témoignent d’un certain savoir-faire artisanal, mais aussi d’un sens esthétique souvent chargé de toute une symbolique. Les Cham en sont l’un des meilleurs exemples.
Leurs habits ancestraux reflètent une technique du tissage de haut niveau, un design unique mais aussi des caractéristiques construites à partir de la culture, de la religion et des croyances. Chaque couche sociale a une tenue qui lui est propre. Mais c’est sans conteste la tunique des femmes qui reste le fleuron de la mode vestimentaire.
Mousseline, dentelles ou bien encore velours : ces dames ne lésinent pas sur les matériaux précieux lorsqu’il s’agit de se confectionner un «Aw Kamei Cam» (robe longue).
On devrait en fait parler d’une tunique plutôt que d’une robe. Ajustée au corps, celle-ci donne aux femmes une touche de grâce et d’élégance.
Les Cham suivent le régime matrilinéaire où la femme endosse le rôle d’élément central dans la préservation et la transmission de la culture. La robe traditionnelle, pièce inestimable dans leur garde-robe, est portée pendant les grandes fêtes de l’ethnie, aux fiançailles ou mariage.
Trois éléments indispensables
Le costume féminin standard comprend une tunique, qui n’est pas fendue sur les deux côtés, une jupe longue et un voile. Le col est quant à lui en V ou en rond. Les jeunes femmes préfèrent les «Aw tah», c’est-à-dire des robes un peu lâches qui couvrent depuis le buste jusqu’aux genoux, avec des manches bien serrées. Il y a une autre version qui couvre jusqu’aux chevilles et qui est plus ajustée au corps, appelée «Aw Dwa Baung». Sur les deux côtés, on voit une ligne de bouton-pression.
Rin Da Mi, une fille Cham de la province d’An Giang (delta du Mékong), dévoile quelques mystères autour de la beauté et du style de son ethnie. «La robe sans pans fendus donne aux femmes une beauté discrète mais attractive. Ce n'est pas facille de faire connaissance avec elles, car elles sont plutôt pudiques, et ne s'expriment qu’à travers les yeux, les lèvres et les joues. Pour elles, un doux regard et un sourire peuvent remplacer une salutation», raconte-t-elle.
Les «Aw kauk» sont des robes de la vie quotidienne. Les femmes âgées les portent notamment pour les travaux champêtres ou à domicile. Tandis que les costumes portés lors des festivités, le Katé, le Ramuwan, le mariage ou bien la cérémonie marquant la maturité pour les filles, sont appelés «Aw xah».
Traditionnellement, une robe est confectionnée à partir de sept morceaux de tissu différents. Des couleurs contrastées - blanc, noir, rouge ou jaune - sont utilisées pour les manches, le corsage ou la jupe.
Aujourd’hui, les costumes de l’ethnie Cham ont été quelque peu modifiés par la création de nouveaux styles. Mais que l’on se rassure, ils maintiennent leurs caractères traditionnels. Une manière de faire perdurer les traditions, et la culture, au-delà du temps.